Pendant des décennies, nous avons imaginé les systèmes solaires comme des lieux ordonnés, où les planètes tournent sagement autour de leur soleil dans la même direction. Mais que se passerait-il si une planète défiait cette règle ? Si elle tournait autour de son étoile en sens inverse, tout en étant prise en étau entre deux étoiles enfermées dans une valse cosmique ?

C’est la réalité étonnante que des astronomes viennent de confirmer dans le système nu Octantis, à environ 72 années-lumière de nous. Pendant des années, un signal faible a laissé entendre la présence d’une planète, mais son existence était jugée impossible. Les deux étoiles du système, une sous-géante et une naine blanche, sont si proches l’une de l’autre que l’orbite d’une planète entre elles devrait être incroyablement instable. Le bras de fer gravitationnel l’aurait projetée sur une trajectoire chaotique ou l’aurait expulsée du système.
Mais de nouvelles observations de haute précision ont confirmé l’existence de la planète, une géante gazeuse d’environ deux fois la masse de Jupiter. Et son secret de survie est une véritable surprise : elle tourne sur une orbite rétrograde, ou “à contre-sens”.
Le cas de l’orbite inversée
Imaginez deux danseurs tournant l’un autour de l’autre. Maintenant, imaginez une troisième personne qui tourne autour de l’un d’eux, mais en se déplaçant dans la direction opposée. C’est le système nu Octantis. L’orbite rétrograde de la planète, qui se déplace à l’opposé de l’orbite mutuelle des étoiles binaires, est ce qui assure sa stabilité. Cet arrangement contre-intuitif réduit en fait les perturbations gravitationnelles, permettant à la planète de se frayer un chemin stable, bien que précaire, entre les étoiles.
La confirmation de ce système inhabituel est une grande victoire pour une équipe de chercheurs internationaux, qui a utilisé des données collectées sur plus de deux décennies pour mettre fin au débat. La découverte a été rendue possible grâce à des instruments de pointe comme le spectrographe HARPS de l’Observatoire européen austral, qui peut détecter les minuscules oscillations d’une étoile causées par une planète en orbite.
Un monde de la “seconde génération” ?
Mais l’étrangeté ne s’arrête pas là. Les nouvelles données ont également révélé la vraie nature de l’étoile compagnon : une naine blanche. Il s’agit du noyau effondré et dense d’une étoile qui a épuisé son carburant et a perdu ses couches extérieures. Ce détail ajoute un tout nouveau chapitre à l’histoire de la planète.
Étant donné qu’une planète n’aurait pas pu se former dans son orbite serrée actuelle en même temps que les jeunes étoiles, les chercheurs proposent deux possibilités fascinantes :
- Une capture cosmique : La planète a peut-être eu une orbite différente, prograde, autour des deux étoiles au départ. Mais lorsqu’une des étoiles a évolué en naine blanche et a éjecté une grande partie de sa masse, l’orbite de la planète aurait pu être considérablement modifiée et basculée sur sa trajectoire rétrograde actuelle.
- Une planète de “seconde génération” : La planète pourrait s’être formée beaucoup plus tard, non pas à partir de la matière stellaire d’origine, mais à partir du nuage de gaz et de poussière éjecté par l’étoile mourante lorsqu’elle est devenue une naine blanche. Cela en ferait un monde de “seconde génération” vraiment unique, né de la mort d’une étoile.
Repenser la formation des planètes
Le système nu Octantis remet en question nos théories les plus fondamentales sur la façon dont les planètes se forment et sur l’endroit où elles peuvent exister. Il prouve que l’univers est bien plus étrange et plus inventif que nous l’avions imaginé. Cette découverte ne concerne pas seulement une seule planète bizarre, mais ouvre une nouvelle fenêtre sur la danse complexe et chaotique des systèmes multi-stellaires. Elle suggère que les mondes rebelles et à contre-sens pourraient être plus courants que nous ne l’aurions jamais pensé.
admin@lavie41.com 01/08/2025