Les grands fonds marins, un monde d’obscurité perpétuelle et de pression immense, ont longtemps été considérés comme un environnement éloigné et stable. Pourtant, ils sont plus fragiles et vulnérables aux activités humaines qu’on ne le pensait. Un corpus croissant de preuves scientifiques suggère que les écosystèmes que l’on trouve dans les grands fonds marins pourraient ne jamais se remettre des dégâts causés par l’exploitation minière en eau profonde.

Les habitats irremplaçables des grands fonds marins
L’exploitation minière en eau profonde cible des formations riches en minéraux comme les nodules polymétalliques, que l’on trouve sur le fond marin. Ces nodules ne sont pas de simples roches inertes ; ce sont des habitats essentiels pour une grande diversité de vie en eau profonde. Leur formation peut prendre des millions d’années, ce qui les rend, ainsi que les écosystèmes qu’ils soutiennent, irremplaçables à l’échelle humaine. Une étude récente qui a revisité un site de test d’extraction minière vieux de 44 ans a constaté que les traces de l’exploitation étaient encore clairement visibles et que les grands animaux fixés au fond n’avaient pas recolonisé la zone.
Une vie au ralenti
Les organismes des grands fonds marins se sont adaptés à un monde où la nourriture est rare et le climat stable. Cela a entraîné des taux de croissance lents, une reproduction tardive et une longue durée de vie. Cette stratégie de “vie au ralenti” rend les créatures des grands fonds particulièrement sensibles aux perturbations. Lorsque leurs habitats sont détruits, elles ne sont tout simplement pas équipées pour se rétablir rapidement, ou dans de nombreux cas, pas du tout.
Une cascade de conséquences
Les impacts de l’exploitation minière en eau profonde s’étendent bien au-delà du site d’excavation immédiat. Le processus d’extraction des minéraux peut créer de vastes nuages de sédiments, appelés panaches, qui peuvent dériver sur des kilomètres. Ces panaches peuvent étouffer les organismes, perturber la communication et introduire des métaux lourds toxiques dans la colonne d’eau. La pollution sonore et lumineuse provenant des navires miniers constitue également une menace, pouvant potentiellement perturber les comportements délicats des animaux des grands fonds marins.
Le péril de l’inconnu
Malgré des décennies de recherche, nous savons encore très peu de choses sur les grands fonds marins. Les scientifiques découvrent constamment de nouvelles espèces et de nouveaux écosystèmes, et un manque de données rend impossible de comprendre pleinement le fonctionnement de ces environnements ou la manière dont ils réagiront à une exploitation minière à grande échelle. Cette incertitude est une préoccupation majeure, car cela signifie que nous pourrions causer des dommages irréversibles à une partie de la planète que nous n’avons pas encore entièrement explorée.
L’appel à la prudence
La communauté scientifique appelle à une approche prudente de l’exploitation minière en eau profonde. Étant donné la nature irremplaçable des habitats des grands fonds marins, la lenteur du rétablissement de leur vie et les lacunes importantes dans nos connaissances, le risque de dommages permanents et généralisés est trop grand pour être ignoré. Avant de permettre le début de l’exploitation minière commerciale, nous devons nous assurer que nous comprenons pleinement les risques et que nous avons un plan pour protéger cette frontière unique et vulnérable.
admin@lavie41.com 01/08/2025