Pendant des décennies, nous avons été confrontés à une menace silencieuse et omniprésente : les « produits chimiques éternels », scientifiquement connus sous le nom de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS). Ces composés tenaces, que l’on trouve dans tout, des poêles antiadhésives aux mousses anti-incendie, possèdent des liaisons carbone-fluor incroyablement solides qui les rendent pratiquement indestructibles par les moyens conventionnels. Ils s’infiltrent dans notre sol, notre eau et même notre corps, soulevant de sérieuses préoccupations pour la santé. Mais si la solution n’était pas un processus chimique complexe ou une ingénierie coûteuse, mais quelque chose de beaucoup plus simple, de beaucoup plus naturel ?
De récentes découvertes révolutionnaires apportent exactement cet espoir : des bactéries qui mangent les PFAS.
Imaginez une équipe de nettoyage microscopique, travaillant silencieusement pour démanteler ces polluants persistants. C’est précisément ce que les chercheurs découvrent. Un rapport remarquable de Rodielon Putol met en lumière le travail de scientifiques de l’Université Catholique de Plaisance et de l’Université de Padoue, qui ont identifié près de 20 espèces bactériennes dans un sol italien contaminé qui non seulement survivent en présence de PFAS, mais les consomment activement comme leur seule source de carbone.

Ce n’est pas une découverte isolée. Des équipes du monde entier découvrent des merveilles microbiennes similaires :
- L’équipe dirigée par l’Université de Buffalo (UB) a identifié Labrys portucalensis F11, une souche bactérienne avec un appétit incroyable pour les PFAS, y compris le tristement célèbre PFOS. Ce qui est encore plus impressionnant ? F11 s’attaque également à certains des sous-produits toxiques créés pendant le processus de décomposition, empêchant un problème de simplement se transformer en un autre.
- Des scientifiques de l’Université de Californie, Riverside (UCR) ont découvert que Desulfovibrio aminophilus et Sporomusa sphaeroides peuvent spécifiquement cibler et décomposer un sous-groupe de PFAS contenant des atomes de chlore.
Alors, comment ces petits titans parviennent-ils à réaliser ce que l’ingénierie humaine a eu du mal à faire ? Tout se résume à ces liaisons carbone-fluor si solides. La plupart des organismes ne peuvent pas les toucher. Mais ces bactéries spécialisées ont développé des voies enzymatiques uniques, développant essentiellement les « baguettes » moléculaires nécessaires pour briser ces liaisons formidables et accéder au carbone qu’elles contiennent – transformant un polluant dangereux en leur prochain repas.
Ces découvertes sont plus que de simples curiosités scientifiques ; elles représentent un bond en avant significatif dans notre lutte contre la contamination par les PFAS. Bien qu’il reste encore beaucoup de recherches à faire, le potentiel de la bioremédiation – l’utilisation d’organismes vivants pour nettoyer la pollution – est immense. Imaginez utiliser ces bactéries « mangeuses de PFAS » pour :
- Traiter les sols contaminés sur les sites industriels.
- Nettoyer les eaux souterraines polluées.
- Voire potentiellement les intégrer dans les installations de traitement des eaux usées pour empêcher les PFAS de pénétrer dans nos écosystèmes en premier lieu.
Le chemin de la découverte en laboratoire à l’application généralisée est souvent long, mais l’existence de ces bactéries mangeuses de « produits chimiques éternels » offre un nouvel outil puissant dans notre arsenal environnemental. Cela nous rappelle que parfois, les solutions les plus élégantes à nos plus grands problèmes peuvent être trouvées dans les endroits les plus inattendus – même dans le monde microscopique sous nos pieds.
La lutte contre les produits chimiques éternels est loin d’être terminée, mais avec ces alliés bactériens, l’avenir d’une planète plus propre et plus saine s’annonce beaucoup plus prometteur.
admin@lavie41.com 26/06/2025