Une Course Contre la Montre : La Science Peut-elle Ramener le Rhinocéros Blanc du Nord de l’Abîme ?

Ol Pejeta Conservancy, Kenya – 13 juillet 2025 – Dans les vastes savanes du Kenya, un drame silencieux se déroule, une lutte désespérée contre l’extinction pour l’une des créatures les plus emblématiques du monde : le rhinocéros blanc du Nord. Avec seulement deux individus restants sur la planète entière – Najin et sa fille Fatu – la sous-espèce (Ceratotherium simum cottoni) est fonctionnellement éteinte. Leur avenir, et même l’existence de leur espèce, repose désormais précairement sur les avancées de l’innovation scientifique.

Pendant des années, le monde a observé le déclin de la population de rhinocéros blancs du Nord, décimée par le braconnage incessant et la perte de leur habitat. La mort de Sudan, le dernier mâle, en mars 2018, semblait sceller leur destin, laissant Najin et Fatu comme les derniers vestiges d’une espèce autrefois florissante. Mais l’espoir, bien que fragile, a émergé sous la forme de technologies de reproduction assistée.

Le Projet BioRescue : Une Lueur d’Espoir

Au cœur de cet effort audacieux se trouve le Projet BioRescue, un consortium mondial de scientifiques, de défenseurs de l’environnement et de vétérinaires. Leur mission : ramener le rhinocéros blanc du Nord de l’abîme en utilisant la fécondation in vitro (FIV) et la gestation pour autrui.

Le processus est une entreprise méticuleuse et incroyablement complexe. Des ovules sont soigneusement prélevés sur Najin et Fatu à l’Ol Pejeta Conservancy, où elles vivent sous surveillance armée 24 heures sur 24. Ces ovocytes précieux sont ensuite transportés par avion vers des laboratoires spécialisés en Europe, où ils sont fécondés avec du sperme congelé provenant de mâles rhinocéros blancs du Nord décédés, y compris Sudan.

La bonne nouvelle est que ces efforts portent leurs fruits. Début 2025, plus de 30 embryons viables de rhinocéros blancs du Nord ont été créés avec succès et sont cryoconservés, attendant leur chance de prendre vie.

Le Défi de la Mère Porteuse : Un Exploit Pionnier

L’étape suivante, et sans doute la plus critique, consiste à implanter ces embryons dans des mères porteuses. Comme Najin et Fatu sont incapables de mener une grossesse à terme en raison de leur âge et de problèmes de santé, des rhinocéros blancs du Sud, une sous-espèce étroitement apparentée, sont entraînés et préparés comme des surrogates potentielles.

C’est un territoire inexploré dans la conservation des rhinocéros. Bien que le transfert d’embryons soit une technique bien établie chez l’homme et les animaux domestiques comme les chevaux et les vaches, il n’a jamais été mené à terme avec succès chez les rhinocéros. En janvier 2024, une percée majeure s’est produite lorsqu’une mère porteuse rhinocéros blanc du Sud est tombée enceinte d’un embryon de la même sous-espèce. Tragiquement, la surrogate est décédée 70 jours après le début de la grossesse d’une infection bactérienne sans rapport, mais la découverte de l’embryon viable post-mortem a constitué une preuve de concept monumentale. Elle a démontré que les procédures complexes de prélèvement d’ovules, de création d’embryons et d’implantation réussie dans le tractus reproducteur d’un rhinocéros de deux mètres de long sont bel et bien possibles.

Ce qui nous Attend

Le chemin est loin d’être terminé. Les scientifiques sélectionnent et préparent méticuleusement de nouvelles mères porteuses, s’assurant de leur santé optimale et de leur aptitude à la reproduction. L’objectif est de parvenir à une grossesse à terme réussie, ce qui, compte tenu de la période de gestation de 16 mois chez le rhinocéros, pourrait signifier que le premier veau de rhinocéros blanc du Nord né par FIV pourrait arriver début 2026.

Au-delà des premières naissances, le défi de la diversité génétique demeure. Avec seulement une poignée de donneurs génétiques originaux, les générations futures nécessiteront une gestion minutieuse pour éviter la consanguinité. Les scientifiques explorent l’utilisation de la recherche sur les cellules souches et potentiellement même l’édition génétique pour élargir le pool génétique, en s’appuyant sur le matériel génétique préservé d’autres rhinocéros blancs du Nord.

La lutte pour sauver le rhinocéros blanc du Nord est un témoignage puissant de l’ingéniosité et du dévouement humains. C’est une course contre la montre, une entreprise scientifique pionnière et un rappel brutal de notre responsabilité de protéger l’incroyable biodiversité de la planète. Alors que le monde observe, l’espoir d’une future génération de rhinocéros blancs du Nord continue de brûler, alimenté par les efforts inlassables de ceux qui refusent de laisser ces magnifiques créatures disparaître de l’histoire.

admin@lavie41.com 13/07/2025

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